Pour contrer l’épidémie de COVID-19, et étant donnée l’importante baisse d’activité qui touche tous les métiers du secteur, plusieurs groupes cosmétiques ont entrepris des mesures fortes pour soutenir la collectivité et maintenir leur secteur à flots.
Du gel pour soutenir l’effort d’une « guerre » prête pour durer
Outre les masques antiprojections et FFP2, le gel hydroalcoolique est aujourd’hui très activement recherché par le personnel soignant en hôpital, par les médecins libéraux, mais aussi l’armée, les forces de l’ordre, certains commerçants ou les caissières de supermarché qui sont exposés tous les jours au risque de contamination.
Pour pallier le manque de cette denrée essentielle en ces temps de « guerre », pour reprendre le terme employé par le président Macron, un arrêté ministériel a autorisé dès le 15 mars la production de gel hydroalcoolique par les entreprises cosmétiques. Rapidement, et faisant suite à l’appel lancé par 2 fédérations professionnelles du secteur (Cosmetic Valley et la FEBEA), de nombreuses entreprises ont reconverti leurs usines et leurs lignes de production en fabricants de gel hydroalcoolique.
En France, le groupe LVMH s’est manifesté en premier en annonçant la fabrication de gel dans les usines Parfums Christian Dior près d’Orléans pour approvisionner les hôpitaux de la région parisienne. D’autres usines de maisons du groupe, comme celles de Givenchy (Oise) ou de Guerlain (Eure et Loire, Yvelines), se sont ensuite jointes à cet effort hors du commun. Plus de 12 tonnes de gel en flacons doivent sortir de ces différents sites chaque semaine, et ce, « tant que la situation sanitaire l’exigera ».
Cette démarche a depuis été imitée par d’autres marques comme La Roche Posay, Vichy ou Garnier (groupe L’Oréal) qui ont réorganisé plusieurs de leurs usines françaises pour fournir « les hôpitaux, EPHAD et pharmacies partenaires ». Le Groupe Rocher a mis à disposition l’ensemble des « 45 000 flacons produits chaque semaine » dans son usine de Ville-Greffs (Morbihan) « aux hôpitaux et CHU de la région Bretagne ». Sisley, Pierre Fabre, Clarins, Eugène Perma, Celluleblue, Coty ou encore Hermès Parfums sont également engagées dans la lutte contre la maladie. Grâce à l’effort combiné de ces acteurs, ce sont plusieurs centaines de milliers de flacons qui sont donnés aux personnels les plus exposés ou les plus vulnérables.
Pour les PME aussi, la reconversion est en marche. D’après Cosmetic Valley, « près d’une cinquantaine se sont mobilisées dans les 24h » suivant l’autorisation de fabrication accordée par l’Etat français. L’entreprise bretonne Lessonia par exemple, fournisseur de formules pour les groupes cosmétiques, a mis son appareil de production intégré – matières premières, cuves, lignes de conditionnement, appareils d’étiquetage – au service de la préparation de flacons de gel. Ces PME, aujourd’hui bien plus nombreuses, garantissent un réapprovisionnement indispensable pour les officines de pharmacie, cabinets et hôpitaux situés en milieu rural.
Permettre aux PME et commerçants à tenir bon jusqu’à la reprise
L’esprit de solidarité que le Président de la République a appelé de ses vœux a également été entendu. Les plus importantes entreprises cosmétiques ont annoncé vouloir soutenir leurs partenaires – fournisseurs et clients – les plus fragiles économiquement.
Le groupe L’Oréal a par exemple procédé à des « gels de créances » en faveur des salons de beauté ou de coiffure qui commercialisent habituellement leurs produits, mais qui doivent demeurer fermés pour cause de confinement. Pour soutenir la trésorerie de leurs fournisseurs, « les délais de paiement appliqués par la firme française ont aussi été raccourcis ».
Marion GAILLEZ, le 1er Avril 2020