LE POUVOIR NATUREL DU RÈGNE VÉGÉTAL

FORCE TRANQUILLE

La nature est fascinante de richesse et de complexité. Elle regorge de trésors aux biomolécules ultra-performantes. C’est l’évolution qui est responsable des pouvoirs chimiques des plantes.

Grâce aux éléments que sont l’air, le soleil, l’eau et la terre, les plantes sont capables de produire des molécules aromatiques ayant des fonctionnalités nécessaires à leur survie. Elles leur permettent notamment de lutter contre le froid, de se protéger de la chaleur ou encore de se défendre contre leurs agresseurs des nombreuses attaques qu’elles subissent pour augmenter leurs chances de survie. Chaque plante vit en harmonie avec son milieu. C’est finalement cette capacité d’adaptation qui conditionne les plantes et donc les huiles essentielles qu’on peut en extraire pour certaines. En fonction de l’environnement naturel, que l’on appelle biotope, chaque plante sécrète différents taux de molécules. Le biotope originel étant le milieu naturel de la découverte de la plante et de ses indications. L’efficacité de l’huile essentielle d’une plante ne provenant pas de son biotope originel peut s’avérer diminuée.

La menthe des champs (Mentha arvensis) sécrète davantage de menthol, 80 à 90%, que la menthe poivrée (Mentha piperita), 38 à 48%. Elle se trouve dans des pays plus chauds que la menthe poivrée, qui, elle, se trouve dans des pays méditerranéens. C’est cette différence de climat qui est responsable de cette quantité de menthol dans la menthe des champs, lui permettant de se rafraîchir pour survivre. Le tea tree (Melaleuca alternifolia), lui, pousse naturellement en Australie, son biotope originel. Son huile essentielle n’est pas dangereuse et facile d’utilisation, mais lorsqu’il provient de Chine ou du Zimbabwe, il devient alors irritant. Tout comme la cannelle qui est plus irritante pour la peau lorsqu’elle provient de Chine (Cinnamomum cassia) que du Sri Lanka (Cinnamomum verum) car plus riche en cinnamaldéhyde, molécule dermocaustique.

Ces taux de molécules sont déterminés par analyse chromatographique et spectrométrique qui sépare, quantifie et identifie les molécules présentes dans l’huile essentielle. La composition chimique met alors en évidence le chémotype de la plante, signature moléculaire définie par le composé chimique majoritaire. Outre le biotope, le chémotype est influencé par l’espèce ou la sous espèce ainsi que l’organe utilisé. C’est lui qui déterminera ses propriétés thérapeutiques et ses éventuelles contre-indications, et dont l’action est complétée par les constituants biochimiques secondaires. La connaissance du chémotype est donc fondamentale en aromathérapie. Elle permet la parfaite compréhension du mode d’action des huiles essentielles pour un emploi efficace, en toute conscience. Les dangers liés à la toxicité de certaines biomolécules sont réels car les plantes ne nous veulent pas que du bien. Certaines huiles essentielles peuvent ainsi être dermocaustiques, photosensibilisantes, abortives, irritantes pour la peau et les voies respiratoires ou encore toxiques pour le cerveau, le foie et les reins en fonction de la carte d’identité chimique des huiles essentielles.

Une plante peut avoir différents chémotypes selon son biotope comme le montre le romarin. On identifie plusieurs chémotypes au sein de la même variété de romarin (Rosmarinus officinalis). On trouve ainsi le romarin à cinéole (Rosmarinus officinalis cineoliferum) sur le plateau du Maghreb, tandis que le romarin à verbénone (Rosmarinus officinalis verbenoniferum) et le romarin à camphre (Rosmarinus officinalis camphoriferum) poussent en France.

Le romarin à cinéole est un véritable booster cérébral et un désencombrant des voies respiratoires. On l’utilise aussi pour relancer la microcirculation et aider à la cicatrisation. Le romarin à verbénone, lui, est un bon décongestionnant pulmonaire et décontractant du plexus solaire alors que le romarin à camphre (Rosmarinus officinalis camphoriferum) est un décontractant musculaire efficace. Si le romarin à cinéole est facile d’utilisation hors asthmatiques, le romarin à verbénone et à camphre sont neurotoxiques et abortifs.

La différence de composition pour une même plante peut provenir de la partie de la plante utilisée. Ainsi, l’écorce de cannelle de Ceylan (Cinnamomum verum) a pour chémotype le cinnamaldéhyde, quant aux feuilles (Cinnamomum verum eugenoliferum), l’eugénol. Leurs propriétés sont proches mais l’huile essentielle de cannelle Ceylan feuilles sera privilégiée pour soulager les douleurs des voies dentaires, tandis que la cannelle Ceylan écorce, pour venir à bout de toutes infections (bactériennes, virales, fongiques ou parasitaires). Elle est également tonifiante et stimulante. Elles présentent les mêmes précautions à savoir hépatotoxique et dermocaustique.

Des plantes différentes peuvent avoir une similarité en termes de composition chimique. C’est le cas de la gaulthérie couchée (Gaultheria procumbens) et du bouleau merisier (Betula lenta) qui ont le même chémotype, à savoir le salicylate de méthyle qui les composent à 99%. Ce sont les Voltarène des huiles essentielles.

Majestueuse de beauté et impressionnante de force, la nature a un pouvoir chimique inestimable.

Je tiens à remercier la Fédération Française d’Aromathérapie pour leur enseignement et leur formation en aromathérapie traditionnelle.

Elodie.